Le jeu de poker reste autorisé, les casinos pleurent

Mercredi 1 juillet 2009

La pokermania a de beaux jours devant elle. Les tournois de Hold’em avec mises d’argent restent autorisés en Suisse hors des maisons de jeu. Les casinos sont déboutés.

Après avoir longuement disserté sur le hasard, l’adresse et l’aptitude au bluff, les juges du Tribunal administratif fédéral (TAF) ont finalement tranché: les tournois de poker Texas Hold’em, avec des mises en argent, restent autorisés à l’extérieur des casinos. De quoi réjouir les milliers de joueurs fréquentant ces soirées, qui fleurissent un peu partout dans le pays. Fait rare, les délibérations du Tribunal étaient ouvertes au public, hier. C’est la règle lorsque les cinq magistrats n’ont pas réussi à se mettre d’accord.

Habileté prépondérante

Le TAF a ainsi suivi la Commission fédérale des maisons de jeu (CFMJ), pour qui ces tournois de poker Hold’em ne sont pas des jeux de hasard, mais d’adresse, puisque le gain dépend de façon prépondérante de l’habileté du joueur. L’an dernier, la CFMJ a donné son feu vert à 189 tournois privés… au grand dam de la Fédération des casinos suisses, qui a déposé autant de recours auprès de la justice!

< jeu d’adresse > «Le poker est un jeu de hasard, et tout jeu de hasard, dit la loi, doit se tenir dans un casino, répète Marc Friedrich, secrétaire de la Fédération des casinos. A cause de ces tournois, nous perdons beaucoup de joueurs», explique-t-il, sans donner de chiffre.

Les maisons de jeu dénoncent l’émergence d’une branche commerciale parallèle incontrôlable, soustraite aux mesures antiblanchiment et aux normes de protection sociale auxquelles sont soumis les casinos, l’ensemble des cantons n’ayant pas encore réglementé la pratique. Hier, pourtant, leurs arguments n’ont guère convaincu.

Selon la majorité des cinq juges, le hasard n’intervient, dans les tournois de Hold’em, qu’au niveau de la distribution des cartes. Stratégie, concentration, compétences mathématiques, aptitude à bluffer sont, eux, des éléments d’adresse décisifs dans une partie qui peut durer plusieurs heures.

Et le fait que les mêmes joueurs se retrouvent régulièrement aux meilleures places montre que l’issue de ces tournois n’est pas qu’une seule affaire de chance. «Si l’on interdit les tournois de Hold’em, on peut faire de même avec certains tournois de jass, où l’on joue de l’argent», a osé un magistrat.

Avalanche de recours

Depuis début 2008, le TAF est submergé par les plaintes. Les casinos saisissent la justice chaque fois que la Commission fédérale des maisons de jeu autorise – indirectement, puisque l’autorisation formelle émane des cantons – la tenue d’un tournoi de poker hors casino.

Pour les casinotiers, le vent a tourné en décembre 2007, lorsque la CFMJ a estimé que ces tournois pouvaient être organisés légalement hors des casinos, car assimilés à des jeux d’adresse. La décision d’hier devrait faire jurisprudence, le TAF ayant qualifié l’affaire de procès pilote. Déçus, les représentants des casinos attendent les considérants avant d’envisager un éventuel recours auprès du Tribunal fédéral.

Directeur de la Commission fédérale des maisons de jeu, Jean-Marie Jordan se félicite de voir sa décision confirmée. Et pour redonner la mesure des choses, il rappelle que les sommes misées dans ces tournois sont plafonnées à 500 francs.

(source : 24heures.ch/MARTINE CLERC)




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