Le « Las Vegas des Alpes » en crise – de plus en plus de casinos doivent fermer au Liechtenstein, car de nombreux Suisses sont désormais exclus
Lundi 1 septembre 2025

Depuis le début de l’année, le Liechtenstein et la Suisse échangent automatiquement les listes de joueurs interdits de jeux d’argent. Depuis, la fréquentation et le chiffre d’affaires des casinos s’effondrent. Ce week-end, un autre casino a annoncé la fin de son activité.
En principe, les casinos du Liechtenstein pourraient être satisfaits : le produit brut des jeux a augmenté en 2024 pour atteindre 140,8 millions de francs – soit 6 millions de plus que l’année précédente. Mais l’optimisme est rare dans la branche. Le pays ne compte plus que cinq casinos, après que quatre établissements ont fermé leurs portes en peu de temps. Ce week-end, un nouvel opérateur a annoncé sa fermeture pour fin septembre.
La raison en est l’accord conclu entre le Liechtenstein et la Suisse, qui prévoit l’échange automatique des données des joueurs interdits. Cette règle est en vigueur depuis janvier, après que la Cour constitutionnelle a rejeté le recours des exploitants de casinos invoquant une atteinte à la liberté économique.
Avant cet échange d’informations, plus de la moitié des joueurs dans les casinos du Liechtenstein venaient de Suisse. Une grande partie de cette clientèle manque désormais, a signalé l’association des casinos du Liechtenstein seulement deux semaines après le début de l’échange. Certains établissements ont enregistré des pertes de chiffre d’affaires allant jusqu’à 85 % par rapport à l’année précédente. Pour éviter d’autres fermetures, l’association avait réclamé de meilleures conditions-cadres. Depuis l’ouverture du marché en 2017, la branche a dû faire face à environ vingt modifications législatives et réglementaires. De plus, les casinos du Liechtenstein sont soumis à une forte concurrence, alors que ceux des pays voisins bénéficient d’une protection territoriale.
Quelles améliorations seraient nécessaires est resté vague, l’association ayant depuis été dissoute. Mais des discussions avec des acteurs du secteur laissent apparaître certaines pistes, comme les différences de régulation avec la Suisse. Le président de l’association, Markus Kaufmann, avait dénoncé « l’ampleur ahurissante des écarts réglementaires », issus d’une accumulation de lois et d’ordonnances. Selon la branche, ces changements ne visaient pas à protéger les joueurs ou l’exploitation, mais à rendre l’activité des casinos aussi peu attrayante que possible. Autre sujet de critique : l’interdiction de publicité en Suisse pour les casinos liechtensteinois, alors que les opérateurs suisses peuvent cibler la clientèle du Liechtenstein.
Des recettes en baisse
Après l’entrée en vigueur de l’échange des listes d’exclusion, le gouvernement s’est montré ouvert à un assouplissement des règles. Mais il a voulu éviter les décisions hâtives et attendre l’évolution du premier semestre 2025. D’après les chiffres récemment publiés par le service des jeux d’argent de l’Office de l’économie nationale, le scénario redouté par les casinos semble se confirmer. Le produit brut des jeux, encore à 15,9 millions de francs au premier trimestre, a chuté à 13,6 millions au deuxième. Si cette tendance se poursuit, le montant de 140,8 millions atteint fin 2024 ne sera pas reproduit. Concernant les interdictions de jeu, l’évolution est moins marquée : 5 830 personnes étaient interdites de jeu au début de l’année, contre 5 950 à la mi-année.
La branche reste néanmoins en grande difficulté. Rares sont les secteurs de l’économie liechtensteinoise qui ont connu en si peu de temps une telle évolution en dents de scie. Il y a moins de dix ans, le premier casino ouvrait ses portes. Son succès attira d’autres opérateurs, séduits par ce marché jugé lucratif. Les critiques mirent rapidement en garde : le pays risquait de devenir un « Las Vegas des Alpes », alors que déjà neuf casinos avaient obtenu une autorisation d’exploitation. Certains soulignaient le rapport entre le nombre d’habitants et le nombre de casinos pour montrer cette dynamique douteuse : aucun autre pays au monde n’affiche un casino pour 4 000 habitants.
Contrairement à son système économique généralement libéral, l’État a renforcé à plusieurs reprises la régulation des casinos en peu de temps. Sur recommandation du comité d’experts pour les jeux d’argent, il a limité la publicité avec des parties gratuites, modifié la proportion entre tables de jeu et machines à sous en faveur des jeux traditionnels, et augmenté les taxes. L’association des casinos avait reconnu la nécessité de ces mesures pour limiter la surabondance de l’offre, mais craignait qu’elles n’aboutissent à une interdiction progressive des jeux d’argent. Pour le groupe « Verein IG Volksmeinung », elles n’allaient cependant pas assez loin : il a lancé une initiative pour interdire totalement les casinos. Celle-ci exigeait que les établissements existants cessent leur activité dans un délai de cinq ans.
Une « invitation » pour les opérateurs étrangers
Les signatures nécessaires pour une initiative constitutionnelle ont bien été recueillies, mais lors du référendum début 2023, 73,3 % des votants ont rejeté l’interdiction totale. L’argument du gouvernement a semble-t-il convaincu : une telle interdiction contredirait les principes de l’ordre économique libéral. De plus, beaucoup pensaient que le marché finirait de lui-même par se réguler. L’association des casinos estimait aussi qu’à moyen terme, seules trois ou quatre maisons de jeu subsisteraient.
Si la baisse de fréquentation et de chiffre d’affaires se poursuit au premier semestre 2025, d’autres casinos pourraient fermer. La situation se rapprocherait alors de l’idée initiale de la loi sur les jeux, qui prévoyait dans sa première version une seule concession de casino. Après que deux sociétés avaient postulé pour cette unique licence, le candidat débouté avait porté plainte. Pour mettre fin au bras de fer juridique, le gouvernement avait modifié la loi en 2016 : au lieu d’une concession, il avait instauré un système d’autorisation commerciale. Depuis, tout opérateur remplissant les conditions légales pouvait ouvrir un casino. Ce changement a agi comme une invitation aux opérateurs étrangers à s’implanter au Liechtenstein.
La demande de licences a dépassé dans les années suivantes toutes les attentes, voire les craintes. Les exploitants ont profité de la petite taille du pays : plusieurs casinos y sont accessibles en quelques minutes, un avantage face aux pays voisins. Mais les chiffres de l’année en cours montrent que 2024 a marqué un sommet. Depuis que le Liechtenstein échange automatiquement les listes d’exclusion avec la Suisse – d’où viennent la plupart des joueurs –, la fréquentation et les recettes chutent nettement. Cela touche aussi les recettes fiscales du jeu, qui s’élevaient encore à 52,9 millions de francs en 2023.
(source : nzz.ch/Günther Meier, Vaduz)
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