C'est le montant que les joueurs compulsifs peuvent perdre avant d'être interdits de jeu
Lundi 24 juin 2024
Les casinos suisses sont sous le feu des critiques : malgré l'obligation légale de protéger les joueurs, ils permettent des pertes importantes avant d'intervenir. Les experts en addiction demandent des mesures plus strictes.
Le cas est en fait clair : officiellement, les casinos suisses sont tenus par la loi de prévenir la dépendance au jeu. Des recherches menées par le "SonntagsZeitung" révèlent toutefois de graves lacunes dans la protection des joueurs. Selon l'opérateur, les joueurs à risque peuvent jouer des dizaines de milliers de francs avant d'être exclus. Le seuil à partir duquel un casino intervient varie fortement.
Certains réagissent dès 8 visites par mois, d'autres seulement à partir de 15. Les seuils financiers à partir desquels une personne est considérée comme menacée sont tout aussi variables. Certains casinos tireraient sur la corde dès que les pertes atteignent quelques milliers de francs, d'autres ne réagiraient qu'à partir de montants à cinq chiffres. Cette pratique a été examinée et approuvée par la Confédération, ajoute le communiqué.
"Les limites sont fixées beaucoup trop haut".
Les experts en addiction critiquent vivement ces limites élevées. Tobias Hayer (50 ans), l'un des principaux chercheurs sur les jeux de hasard, déclare au "SonntagsZeitung" : "Les limites sont fixées à un niveau beaucoup trop élevé. Si en plus elles recommencent à chaque casino, autant les oublier tout de suite".
En Allemagne, la protection des joueurs est plus stricte : un maximum de 1000 euros par mois peut être joué, quel que soit l'opérateur. En Suisse, en revanche, la Commission fédérale des maisons de jeu (CFMJ) ne fixe que peu de directives concrètes en matière de protection des joueurs.
"Mesures de protection uniformes pour les casinos en ligne".
La Fédération suisse des casinos souligne en revanche que les maisons de jeu suisses prennent leur responsabilité sociale au sérieux. Mais tant que des pertes élevées sont tolérées et que les joueurs ne sont pas protégés de manière conséquente, la question reste posée : s'agit-il vraiment de protection des joueurs - ou seulement d'un business lucratif ?
Car l'année dernière, les casinos suisses ont encaissé plus de 900 millions de francs grâce à leurs jeux. C'est le chiffre le plus élevé de ces dix dernières années et il est également dû aux casinos en ligne, qui sont de plus en plus populaires.
Gerhard Pfister (61 ans) est président de la Fédération des casinos. Les 21 casinos et les 10 casinos en ligne de Suisse sont affiliés à cette fédération. Dans le "SonntagsZeitung", Pfister plaide pour des mesures de protection uniformes pour les casinos en ligne. Il souligne que la conception des mesures de protection est laissée à l'appréciation des casinos, tandis que la CFMJ en contrôle l'efficacité. "S'il devait y avoir un besoin de protection supplémentaire ou si certaines réglementations ne suffisaient pas, c'est à l'autorité de surveillance de le constater et d'exiger ensuite l'adaptation des réglementations", explique Pfister.
(source : blick.ch/Tobias Ochsenbein)
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