PORRENTRUY - La police a arrêté dix personnes soupçonnées d'avoir participé au cambriolage du Casino 138 à la fin novembre à Courrendlin, dans le Jura. Le chef croupier blessé lors de ce braquage est toujours à l'hôpital.

Deux des dix personnes arrêtées n'ont été appréhendées que le jour de l'an, a indiqué Geneviève Bugnon, la juge d'instruction cantonale. Activement recherchés, ils semblent avoir joué un rôle prépondérant dans le braquage.

La plupart des personnes arrêtées résident dans le canton du Jura ou le Jura bernois, les autres dans le canton d'Argovie, a précisé la juge d'instruction. La majorité sont originaire d'Ex-Yougoslavie et certains sont suisses. Les auteurs présumés sont âgés de 20 à 25 ans, a ajouté Mme Bugnon.

Par ailleurs, la police a aussi saisi plusieurs armes dont l'une pourrait avoir servi à blesser l'employé du casino. L'analyse balistique est en cours. Sur les 170 000 francs dérobés, 17 000 francs ont pu être retrouvés.

L'enquête se poursuit alors que la police n'a toujours pas pu entendre le témoignage du chef croupier blessé. Il avait été agressé par quatre hommes alors qu'il quittait le casino jeudi 28 novembre vers 5h00. Les malfaiteurs l'ont frappé et lui ont tiré dessus avec une arme à feu.

Ils l'ont ensuite emmené de force dans le casino et forcé à ouvrir le coffre, avant de le menotter à un tuyau pour l'empêcher de donner l'alerte. C'est un ouvrier qui a découvert le malheureux et donné l'alerte.

(source : Edicom.ch)

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LUGANO - Trois semaines seulement après l'ouverture du casino de Lugano, le directeur Bert Westermann a été licencié. Des divergences de vue sur la gestion de l'entreprise sont apparues entre les différents partenaires, a indiqué l'établissement. (SDA-ATS\/hl tu dng/ti fin div)

(source : Edicom.ch)

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ZERMATT - Le Valais a désormais ses deux casinos. Après Crans-Montana, celui de Zermatt a ouvert ses portes à 18h00. Au bénéfice d'une concession B, il propose aux joueurs 100 machines à sous, quatre tables de roulette et deux tables de black jack. Il devrait enregistrer un revenu brut annuel de 11 millions de francs. Les mises maximales ont été fixées à 200 francs pour la roulette et 500 francs pour le black jack. Les montants sont moins importants que ceux autorisés à Crans-Montana où la mise peut aller jusqu'à 3600 francs à la roulette et 1000 francs au black jack. Les deux casinos valaisans qui avaient obtenu une concession B sont ainsi ouverts. Celui de Crans-Montana a commencé ses activités en juillet dernier.

(source : Edicom.ch)

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BERNE - Les accros de la roulette et du bandit manchot ont permis à la Confédération de verser 60 millions de francs à l'AVS en 2001. En tout, les 23 casinos suisses ont généré des gains pour environ 300 millions de francs dont 40 ont été reversés aux cantons.

Compte tenu des allégements fiscaux accordés par le Conseil fédéral, la recette fiscale de 2001 s'est élevée à environ 100 millions de francs, selon les chiffres publiés dans le 2e rapport de la Commission fédérale sur les maisons de jeu (CFMJ) et approuvé par le Conseil fédéral.

Le casino qui a rapporté le plus est celui de Baden avec 45,9 millions. Suivent Lugano (31,5 millions) et Locarno (25,5 millions). Les parents pauvres sont les casinos de Bad Ragaz (8808 francs), Montana (2600) et Schaffhouse (2200). Ces établissements n'ont obtenu leur concession de type B qu'en octobre de l'an dernier.
(SDA-ATS\/nt ac jc/c5swi div reg fin soz)
© ATS

(source : edicom.ch)

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Campione, village italien perdu dans les terres suisses, est un havre pour les grandes fortunes milanaises... et les autres.

S'il n'y avait pas l'inscription « Campione d'Italia » sur l'arche en pierre marquant l'entrée dans le village, le visiteur ignorerait qu'il quitte le territoire suisse pour l'Union européenne. Coincée entre le lac de Lugano et la montagne, Campione est une anomalie, une minuscule enclave italienne de 2 kilomètres sur 800 mètres à l'intérieur de la Confédération helvétique. Il n'y a pas de douane, les 3 000 Campionais utilisent le franc suisse, et même les policiers italiens circulent dans des automobiles immatriculées en Suisse.

La principale spécialité de ce caillou inconnu est d'être un paradis fiscal. Campione vit exclusivement de son casino, le plus important d'Italie, installé à quarante-cinq minutes de Milan. L'enclave italienne a même demandé au célèbre architecte Mario Botta de lui édifier une maison de jeux pharaonique, pour accueillir chaque année un demi-million d'adeptes de la roulette, du black jack ou du chemin de fer. Coût des travaux, achevés normalement en 2005 : 100 millions d'euros.

Le non à Mussolini

Campione est entrée dans l'Histoire en 777, lorsqu'un riche marchand lombard cède ses oliviers et ses vignes au monastère milanais de Saint- Ambroise. Une donation confirmée par Charlemagne en 790. Résultat : quelques siècles plus tard, ce bout de terre ne rejoindra pas la Suisse comme le reste du Tessin en 1512. Depuis, les Suisses n'ont pas ménagé leur peine pour annexer ce minuscule village, qui comptait moins de 300 âmes au siècle dernier. En vain. Campione a su tirer avantage de sa curieuse situation géographique (elle n'est qu'à une quinzaine de kilomètres de la frontière italienne). Ainsi, en 1944, protégée par la neutralité suisse, elle fut la seule commune de l'Italie du Nord à refuser la République sociale italienne de Mussolini.

Tirant profit de cette situation peu commune, les Campionais bénéficient, aujourd'hui, d'une incroyable mansuétude fiscale. Pas d'impôts locaux, pas de taxes, et la quasi-obligation d'ouvrir des comptes en Suisse, protégés par le secret bancaire, et donc hermétiques au fisc italien. « Seule difficulté pour s'y installer, les autorités sont tatillonnes avant de vous accorder un permis de séjour. Pour éviter d'accueillir des résidents fictifs, pendant deux mois elles contrôlent votre présence jour et nuit », souligne l'un des rares Français installés dans l'enclave. En revanche, un demi-millier de riches Allemands se sont établis à Campione. Quelques Russes fortunés commencent également à lorgner ce paradis fiscal italien. En novembre 2001, perquisitionnant dans les locaux de la société Al-Taqwa, à Lugano, soupçonnée de financer l'organisation d'Oussama ben Laden, les policiers suisses avaient été contraints de demander l'aide de leurs collègues italiens. Youssef Mustafa Nada et Ali Ghaleb Himat, deux des dirigeants d'Al-Taqwa, occupaient deux des plus belles villas de Campione, avec vue panoramique sur le lac.

Toute la vie de la bourgade tourne autour du casino municipal. « La légende dit que le fichier des joueurs pourrait, s'il était publié, faire sauter le nord de l'Italie », jure l'avocat Edouard Chambost, auteur d'un « Guide des paradis fiscaux ». Avec un chiffre d'affaires estimé à 120 millions d'euros, le casino de Campione serait le plus prospère de la péninsule, loin devant ceux de San Remo et de Venise. Il a été le premier à accueillir des machines à sous.

Longtemps hostile aux maisons de jeu, la Suisse s'est décidée l'année dernière à accorder 21 concessions de casino sur son territoire. L'enclave italienne aura bientôt trois rivaux directs, installés à Lugano, Mendrisio et Muralto, dans le canton du Tessin. « Mais on ne concurrence pas Campione ! » lâche avec un sourire Marco Mariotti, responsable du marketing, faisant allusion aux deux dernières nouveautés : « Ils ne proposeront pas, comme nous, le Video Poker et le Royal Ascot ! »

(source : lepoint.fr/Ian Hamel)

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Toutes les procédures sont-elles respectées? Les flux d'argent sont-ils surveillés? Avant leur ouverture, les casinos sont passés au peigne fin. Du contrôle des accès à la prise en charge des joueurs pathologiques, la commission fédérale met son nez partout. Reportage en Argovie.

Ils sont les premiers clients et déjà les plus pénibles. Par équipes de quatre ou cinq, les membres de la Commission fédérale des maisons de jeu (CFMJ) visitent, à la veille de leur ouverture les nouveaux casinos de Suisse. Après l'octroi des concessions, annoncé par le Conseil fédéral en octobre dernier, ils ont la charge de délivrer l'«autorisation d'exploiter», ce document qui est le véritable sésame des jeux d'argent, car lui seul permet de recevoir les joueurs, de distribuer les cartes et de faire tourner roulettes et machines à sous.

L'inspection dont dépend sa remise occupe une journée entière et n'a rien d'une formalité. Premier casino A en activité en Suisse, depuis le 27 juin, Lucerne a franchi l'obstacle, mais Crans-Montana, par exemple, a dû repousser son ouverture et Interlaken limiter la sienne aux tables.

Mercredi, c'est le Grand Casino de Baden qui était passé à la loupe. Titulaire de l'unique concession délivrée pour toute la région zurichoise, il se profile comme le numéro un du pays, aligne 265 machines et 23 tables proposant 7 jeux différents, espère quelque 1500 visiteurs par jour, et prévoit plus de 100 millions de francs de revenus bruts par an. Une grosse machine, qui vit son dernier rodage. A deux minutes de la gare, au cœur d'un grand parc, le Kursaal historique de 1875, agrandi et transformé, était encore une ruche avec son hall livré aux derniers peintres et décorateurs.

Interdits de jeux

Dans la grande salle bleu nuit qui abrite les tables, l'ambiance était en revanche feutrée. Dès 8 h 30, croupiers, caissiers et directeurs des jeux ont commencé leurs activités, aux ordres des inspecteurs de la CFMJ. «On commence par la roulette française, faites l'ouverture.» Check-list à la main, Markus Huber observe l'arrivée des jetons, le déverrouillage de la table, réclame une vérification de sa parfaite horizontalité, expérimente diverses situations de jeu. Rare occasion de voir jetons en main un homme qui, comme ses collègues et tous les employés des casinos suisses, est interdit de jeux dans son pays.

«L'objectif, explique-t-il un peu plus tard, est moins de vérifier l'habileté des croupiers que leur maîtrise de toutes les procédures.» En matière de jeux d'argent, le maître mot du contrôle est «traçabilité». Une salle de casino en ébullition peut évoquer le comble du brouhaha désordonné, il ne faut pas pour autant y perdre le cheminement du moindre franc. Règle de base: on peut acheter des jetons un peu partout, mais seules les caisses les retransforment en espèces. Dans le trésor, chaque table dispose de son propre compartiment et fait comptabilité à part. A tout moment, tout doit correspondre. D'accord, la richesse se crée (celle du casino d'abord), mais surtout rien ne se perd.

Tentative de triche

Juriste, Roman Vanek teste de son côté la roulette américaine en cherchant une faille dans son système de doubles jetons. Sur la table, chaque joueur se voit attribuer une couleur et décide de la valeur de ses jetons. «Et que se passe-t-il si j'en garde quelques-uns et que je reviens plus tard en réclamant une valeur plus élevée?» «Le nombre des jetons est contrôlé; dès qu'un manque apparaît, cette couleur aura durant toute la soirée la valeur la plus basse. Et si le client revient un autre jour, il sera évident qu'il y a des jetons de trop.» Allemand comme 70 autres croupiers de Baden (sur 200 employés des jeux), le responsable des tables, Udo Herbst, ne se démonte pas. A l'instar de son collègue Ernesto Sommer, qui s'occupe des machines à sous, il a une longue expérience, et l'on ne résiste pas à dire qu'à eux deux ils font la pluie et le beau temps dans le casino *.

Le royaume d'Ernesto Sommer c'est le sous-sol. Ici trônent les 265 machines, enfin similaires à celles que l'on peut trouver partout ailleurs dans le monde. Finie la «phase d'adresse» et la fréquence régulière de paiement qui étaient des spécialités helvétiques. Désormais, seul le hasard génère le gain, et il est d'ailleurs seul à en avoir le droit. Pour s'en assurer, Guido Bertschy et Jean-Jacques Carron, tous deux ingénieurs de formation, sont les yeux de la CFMJ dans la salle. Ce mercredi, toutes les machines tourneront, et toutes livreront donc des données au système central. «Nous traquons les concordances entre les chiffres des compteurs électromécaniques, qui doivent être relevés, et les données électroniques.» Double sécurité toujours. Sans compter les caméras qui, comme dans tout le casino, surveillent les mouvements.

Sécurité intraitable

Où mènent ces caméras? Les hommes de la CFMJ le verront seuls. Chef de la sécurité, Carlo Bossotto, est intraitable: «Pas de journaliste dans le secteur réservé aux employés.» Son concept étant entièrement basé sur l'étanchéité des zones et des circulations – employés et clients ne se croisent que dans les lieux de jeux – il s'y tient. On saura seulement que la salle de surveillance est occupée 24 heures sur 24, et que les croupiers peuvent toujours l'alerter. Au moindre doute, les images du moment litigieux sont conservées, décortiquées et peuvent être montrées aux clients. Au total, 10% des effectifs du casino sont affectés à la sécurité.

Dernier point névralgique, l'entrée. Pour pouvoir jouer, chaque client doit présenter une pièce d'identité et son nom passe à travers l'ordinateur qui vérifie s'il n'est pas interdit. Surprise! Une erreur de date de naissance et le système laisse passer un employé auquel sa fonction ferme les jeux: «En décidant d'enregistrer davantage de paramètres que nos exigences de base, ils semblent s'être compliqué la vie. Cela mérite réflexion», commente Roman Vanek.

Toujours des rectifications

L'inspection approche de sa fin. Toujours détendu, Ernesto Sommer dit n'y avoir rien trouvé de désarçonnant: «Nous avons travaillé très professionnellement, nous étions prêts», juge le responsable des machines à sous. Il est vrai que, depuis le début de la procédure de concession, Baden fait figure de premier de classe. Résultat? Autorisation d'exploiter accordée, mais quelques rectifications sont quand même demandées ici et là. «Que ce soit pour le casino qui a tout intérêt à fonctionner le mieux possible, ou pour le contrôleur que nous sommes, l'inspection est utile. Toutes celles que nous avons faites ont conduit à des améliorations», commente Yves Rossier, directeur de la CFMJ. D'ici à fin août, Berne, Arosa, Schaffhouse et à nouveau Interlaken et Crans-Montana passeront à leur tour la visite.

*En allemand, Sommer et Herbst signifient respectivement été et automne.

(source : letemps.ch/Laurent Busslinger)

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Après la divulgation de la répartition de licences de casinos A et B, les réactions se multiplient en Suisse romande. A la joie des promoteurs du Casino de Granges-Paccots (FR) répond la profonde amertume du maire de Bienne, qui devra faire fermer le sien. Directeur de la Loterie romande, Philippe Maillard ne digère pas l'éviction complète de la Romande des Jeux de la nouvelle carte des casinos

Le profil bas, c'est fini. Si la Romande des Jeux a mis jeudi une sobriété de boxeur sonné à «regretter de n'avoir reçu aucune concession de casino», l'heure est déjà à la contre-attaque. Vendredi, Philippe Maillard, directeur de la Loterie romande et véritable stratège de cette Romande des Jeux aux ambitions de régulateur des paris romands, ne masquait plus sa révolte. Entretien.

Le Temps: Comment réagissez-vous à l'éviction de la Romande des Jeux?

Philippe Maillard: Les dés étaient pipés! A l'origine, j'ai une formation de géographe, et en tant que tel je suis fasciné par l'énorme tache blanche qui marque la zone entre Genève et Berne sur la carte des nouveaux casinos. Rien dans tout le Nord vaudois, rien dans le canton de Neuchâtel, plus rien en Ville de Bienne… Si l'objectif est de drainer un maximum de fonds vers l'AVS, c'est totalement contradictoire. La seule explication plausible, c'est que la Confédération a délibérément flingué les casinos dépendant prioritairement des collectivités publiques. Je ne parle même pas de la Romande des Jeux, c'est tout aussi évident en ce qui concerne les villes de Genève et de Bienne.

– Vous ne croyez pas à l'objectivité des critères de choix?

– J'entends bien que la Commission fédérale des jeux nous dise exactement ce qui a dicté ses choix. Je veux que les critères finaux utilisés soient parfaitement éclairés. Quel attrait touristique justifie l'attribution d'un casino à Courrendlin? Quelle rentabilité fait préférer ce projet-là à celui présenté par La Chaux-de-Fonds? Pourquoi a-t-on dit que les casinos B devraient avoir un revenu brut des jeux de l'ordre de 20 millions de francs, alors qu'il y en a sept – Arosa, Davos, Courrendlin, Zermatt, Crans-Montana et Saint-Moritz – qui ne s'en approchent même pas!

– N'y a-t-il pas eu des faiblesses dans vos dossiers, comme l'a laissé entendre le président de la Commission des jeux, Benno Schneider?

– J'attends qu'on me démontre ces prétendues faiblesses. On nous fait passer pour des rigolos incompétents, alors que notre partenaire Holland Casino est retenu dans le projet de Lugano, auquel il participait aussi. Bizarre, non? Holland Casino, qui a aussi mis en route le Casino de Montréal – situé dans le top 20 d'Amérique du Nord. Je ne crois pas que nous étions moins bons que le groupe Barrière, qui a imposé Montreux en n'ayant à proposer qu'une rentabilité à la française, qui est notablement inférieure à celle des casinos hollandais.

Au passage, concernant le Casino de Montreux, je note que toute concurrence lui a soigneusement été épargnée, à part Fribourg. Là, c'est un fief démocrate-chrétien, Ruth Metzler ne pouvait quand même pas y toucher… Mais on va pouvoir vérifier si Montreux atteint ses objectifs surévalués. Que se passera-t-il si ce n'est pas le cas? où sera la sanction?

– N'était-il pas arrogant de la part de la Romande des Jeux d'agir seule, sans s'entendre avec des casinos comme Montreux ou Genève?

– Les statuts de la Loterie romande lui interdisent de participer à un projet qui ne viserait pas à 100% un but d'utilité publique. Il nous était ainsi impossible d'envisager une participation croisée avec Montreux. Avec Genève, les choses auraient pu être différentes, mais là c'est une question de personnes. André Hediger a une vision de l'utilité publique qui s'arrête à la Versoix, la nôtre englobe toute la Romandie.

– Pourquoi la Confédération aurait-elle pris la décision d'écarter les casinos en mains publiques?

– Pour des raisons politico-idéologiques. Madame Metzler s'en tient mordicus à une interprétation de la votation de 1993, selon laquelle les Suisses auraient voulu une gestion libérale des jeux. C'est faux. La libéralisation des jeux a été admise, mais tous les sondages que nous avons faits démontrent que la population accepte que l'argent du jeu soit considéré comme une sorte de ponction fiscale. A l'inverse, la Confédération a suivi la logique alémanique dominante, qui se fiche de toute considération sociale. Sinon, pourquoi nous écarter, alors que la Confédération reconnaît que notre projet de lutte contre la ludomanie est le seul valable?

– Et la défense du produit fiscal confédéral?

– L'argument a certainement pesé. Flinguer l'utilité publique revient à éviter des dégrèvements fiscaux, et Berne y a visiblement pensé. Mais là encore c'est contradictoire. Tout le monde sait que les Casinos de Divonne et d'Evian avaient peur de Lausanne, pas de Montreux. A leur place, j'aurais fait un feu d'artifice jeudi. Ce sont des millions qui vont continuer à échapper au fisc suisse pour être perdus en France.

– Estimez-vous avoir été bien soutenus par les cantons romands?

– (silence) Bon… On a peut-être surestimé le poids et l'ardeur que les cantons pouvaient investir dans la défense de ce dossier. Il n'empêche qu'ils ont tous avoué que le modèle proposé par la Romande des Jeux leur convenait. Avec les projets privés qu'ils avaient sur leur territoire, ils ont cru qu'ils n'auraient pas la possibilité de s'impliquer davantage. Mais là, je crois qu'ils n'ont pas vu passer le puck: car la population trouve obscène que des privés s'enrichissent avec l'argent du jeu.

– Le revers que la Romande des Jeux essuie aujourd'hui préfigure-t-il une attaque contre la Loterie romande elle-même?

– En ce qui concerne les loteries, la Confédération a aussi son projet. Le mot «concession» a déjà été prononcé. S'il s'agit d'une redistribution sur le modèle de ce qui a été vu jeudi, et cela augure plutôt mal de notre avenir: il faudra nous défendre.

– Comment voyez-vous l'avenir de la Romande des Jeux?

– Je ne la vois pas se dissoudre dans l'immédiat, ne serait-ce que parce que les cantons doivent justement rester vigilants pour sauver leur loterie, et garder cette structure de régulateur des paris (gaming-board) que nous avons cherchée. Il y a aussi quelques autres problèmes à régler, comme la revente du Château d'Ouchy.

– Un Château qui a coûté combien?

– Il a bien coûté 34 millions, mais pas un sou d'argent public. Le financement de la Loterie romande est entièrement privé.

– Pourquoi vous battre encore, alors qu'il n'y a pas de recours ouvert contre les décisions de jeudi?

– Je vais volontiers admettre que je suis un mauvais perdant. Je veux que toutes les incohérences de l'attribution des concessions soient exposées au grand jour.

(source : letemps.ch/Laurent Busslinger)

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Avant l'attribution des concessions pour casinos A, le groupe Lucien Barrière achète la totalité de la part de capital de l'établissement

«Désormais nous som-mes les meilleurs», s'exclame Stéphane Perrin, président du conseil d'administration du Casino de Montreux. Pour l'établissement de la Riviera vaudoise, la concurrence acharnée à laquelle donne lieu la prochaine attribution des concessions pour maisons de jeu a produit un changement spectaculaire: le groupe français Lucien Barrière, qui détient quatre des dix plus grands casinos du territoire français, est devenu actionnaire majoritaire, après avoir acheté la totalité de la part de capital (69%) de Montreux Palace SA, société elle-même détenue en majorité par Sairgroup.

Un grand nom du tapis vert

En passant ainsi aux mains d'un grand nom du tapis vert, le Casino de Montreux estime avoir considérablement renforcé son dossier, à quelques mois maintenant de la décision que prendra la Commission fédérale des jeux quant à l'attribution des concessions pour casinos A et B (Kursaal). «Cette alliance avec un grand professionnel nous apporte l'expérience qui nous manquait dans les jeux de table. Elle va bien au-delà de nos espérances», souligne Yves Montandon, le directeur du casino montreusien.

Hans Wiedemann, qui est le «managing director» du Montreux Palace, et donc le vendeur dans cette opération, exprime lui aussi sa grande satisfaction de voir l'affaire conclue. Mais il a toutefois une crainte: que la vente soit interprétée comme un effet de la volonté du groupe Swissair de se désengager. «Cela fait deux ans que nous avons commencé des négociations, assure-t-il. Notre principale préoccupation était de trouver une alliance pour le casino, pas de vendre.» Une fois le partenaire idéal trouvé, la compagnie aérienne, toute à son recentrage, s'est volontiers retirée d'une telle activité. Désirant garder confidentiel le montant de la transaction, Hans Wiedemann précise que celle-ci permettra à son hôtel de réaliser un centre de fitness, ainsi qu'un parking.

En vue de la future attribution des concessions pour casinos A, une vingtaine de fiancés auraient approché l'établissement de Montreux, dont d'autres Français, mais également des Américains, des Berlinois, des Italiens ou des Autrichiens. Sans oublier les sociétés suisses de la branche (à savoir Swiss Casino, Novomatic, Golden Games), toutes trois en quête d'un pilier romand.

Le groupe Lucien Barrière, qui présente son arrivée en Suisse comme la première étape d'une expansion européenne, est une entreprise de tradition familiale exploitant 13 casinos de France. Parmi ceux-ci, Cannes, Biarritz, et surtout Deauville, décrit par les promoteurs montreusiens comme le modèle de ce qu'ils voudraient réaliser sur la Riviera vaudoise. Au projet de casino urbain et centré sur les activités de jeu de la Romande des Jeux, ils opposent leur concept régional d'offre touristique globale, incluant gastronomie et divertissements.

«Preuve de confiance»

Avec cette modification de l'actionnariat, Montreux caresse l'espoir de reprendre l'avantage sur ses rivaux de la Romande des Jeux, dont le projet de casino A, à Lausanne, bénéficie du soutien des pouvoirs publics. Le secret des tractations, en tout cas, avait été bien gardé. Les députés vaudois, qui ont eu de vifs échanges à propos des casinos il y a quelques jours encore, en ignoraient absolument tout, tandis que leur collègue Pierre Salvi, le syndic socialiste de Montreux, s'efforçait vainement d'obtenir une résolution du Grand Conseil en faveur du projet montreusien.

«En achetant avant même de savoir si le casino A nous sera attribué ou non, le groupe français donne une belle preuve de sa confiance dans la région», notent les partisans montreusiens. Mais Lucien Barrière voulait la majorité. Certes, la plupart des candidats à une concession A se sont alliés a des groupes étrangers, pour pallier le manque d'expérience helvétique, mais à ce jour seul le casino de Saxon a carrément passé en mains étrangères, en l'occurrence celles de la Compagnie européenne des casinos, un autre groupe français, qui exploite Divonne et soutient, à Meyrin, un projet concurrent à celui de la Ville de Genève.

Le changement de partenaires en cours de route ainsi que le passage du contrôle de l'autre côté de la frontière ne risquent-ils pas de desservir le dossier de Montreux, à quelques mois d'une décision fédérale qui devra départager l'intérêt public de celui des privés? «C'est l'heure de l'ouverture européenne, comment pourrait-on faire la fine bouche?», rétorque le syndic Pierre Salvi.

La commission fédérale donnera son préavis au Conseil fédéral en automne, après avoir éliminé d'elle-même, en mars, parmi une soixaintaine de dossiers, les candidatures ne répondant pas aux conditions. Formellement, cette commission doit encore approuver, le 28 février, l'arrivée du groupe Lucien Barrière au Casino de Montreux.

(source : letemps.ch/Yelmarc Roulet)

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